La Transition a franchi aujourd’hui une étape institutionnelle majeure avec l’adoption officielle du Décret électoral par le Conseil des Ministres et sa publication immédiate dans Le Moniteur, le journal officiel de la République. Cet acte, hautement symbolique dans un contexte de fragmentation institutionnelle, réaffirme l’engagement du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et du gouvernement à restaurer un fonctionnement constitutionnel interrompu depuis plusieurs années.
Sous la présidence de Laurent Saint-Cyr, le Conseil des Ministres s’est réuni en séance solennelle en présence du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, des membres du CPT et des ministres du gouvernement. Le projet de décret a été examiné puis adopté à l’unanimité, signe de la volonté collective d’inscrire la Transition dans une dynamique de clarification politique. Le texte encadre les obligations, les mécanismes et les délais nécessaires à l’organisation du scrutin, constituant ainsi la base juridique indispensable à toute reprise du processus électoral.
L’exécutif présente cette publication comme une démonstration de responsabilité et de cohérence : en rendant publiques les règles du jeu, l’État entend montrer que la tenue des élections ne relève plus de l’intention, mais d’une planification concrète. Les autorités affirment vouloir mettre en place les conditions d’un scrutin transparent, inclusif et sécurisé, dans un environnement où la méfiance des citoyens et les contraintes logistiques demeurent particulièrement fortes.
La portée politique du geste dépasse son aspect réglementaire. En inscrivant le Décret électoral dans Le Moniteur, la Transition s’engage devant la nation et devant ses partenaires internationaux à respecter un cap précis : rétablir la légitimité institutionnelle à travers des élections organisées dans les plus brefs délais. Cette publication devient donc un repère juridique, mais également un test de crédibilité pour un gouvernement appelé à démontrer sa capacité à transformer des engagements publics en actions mesurables.
Reste à savoir si la dynamique enclenchée pourra se maintenir face à la réalité sécuritaire et administrative du pays. La tenue d’élections nécessite non seulement une volonté politique affirmée, mais également des conditions minimales de sécurité, des infrastructures opérationnelles, un appareil électoral fonctionnel et une mobilisation durable des ressources. Le décret fournit un cadre ; le succès dépendra désormais de la mise en œuvre.
La Transition, en affichant une détermination sans ambiguïté, semble vouloir inscrire ce moment comme un jalon irréversible du processus. Haïti entre ainsi dans une phase décisive où chaque choix institutionnel engagera la crédibilité de l’État et la confiance du public. La publication du Décret électoral marque le début d’un cycle qui devra conduire, si les engagements sont tenus, à la réintroduction de représentants légitimement élus à la tête du pays.

