La capitale haïtienne voit réapparaître une menace que beaucoup espéraient révolue. À Delmas, les cas d’enlèvements et de tentatives d’enlèvements se multiplient à un rythme qui rappelle les périodes les plus sombres de l’insécurité urbaine. Des citoyens évoquent une tension inhabituelle, marquée par des opérations rapides menées par des individus lourdement armés se déplaçant dans des véhicules tout-terrain.
Selon des sources locales, certaines attaques viseraient des cibles précises, tandis que d’autres seraient menées au hasard, preuve d’une stratégie criminelle devenue imprévisible. Des signalements circulant depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux font état d’une recrudescence marquée dans la zone métropolitaine, particulièrement à Delmas et Pétion-Ville.
Cette détérioration intervient alors que plusieurs observateurs avaient perçu une relative accalmie durant les derniers mois. Une illusion, selon la directrice de la Commission épiscopale Justice et Paix, Jocelyne Colas, qui soutient que les groupes armés n’avaient jamais véritablement suspendu leurs activités. Ils semblaient plutôt « en attente », avant de relancer leurs opérations à grande échelle.
La Police nationale tente, de son côté, de démontrer sa présence malgré un contexte opérationnel complexe. Le 31 août 2025, à Delmas 33, une intervention a permis de sauver un citoyen que des assaillants tentaient de contraindre à monter dans son véhicule. Les ravisseurs, blessés dans un échange de tirs, ont pris la fuite, laissant derrière eux une arme à numéro de série effacé.
Les données compilées par le BINUH confirment l’ampleur du phénomène : entre juillet et septembre 2025, 145 enlèvements ont été recensés, majoritairement dans l’Artibonite et l’Ouest. Depuis le début de l’année, 491 cas ont été enregistrés. Ces chiffres traduisent une réalité implacable : l’insécurité liée aux enlèvements demeure profondément enracinée et continue de frapper des zones déjà fragilisées.
Dans les rues de Delmas, beaucoup se demandent désormais si la situation peut réellement être inversée, alors que la peur redevient un élément ordinaire du quotidien.


