longtemps prospéré au rythme des violences, un pas inattendu vient d’être franchi vers la transparence. La Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) a dévoilé une plateforme numérique qui rompt avec les usages anciens : un portail public, accessible à tous, où figurent désormais les identités, photos et antécédents des individus activement recherchés à travers le pays. Pour la première fois, l’État met à disposition une cartographie vivante des fugitifs, des chefs de gangs et des évadés de longue date, parfois disparus des radars depuis 2004.

L’initiative marque un tournant dans la modernisation des outils de renseignement et de communication institutionnelle. Le site, conçu autour d’une interface volontairement épurée, rassemble plus d’un millier de fiches signalétiques accompagnées de photographies et d’informations judiciaires. Qu’il s’agisse de membres d’organisations criminelles identifiées, d’évadés encore en cavale ou de suspects recherchés depuis plus de vingt ans, la base de données se veut exhaustive et évolutive, avec des ajouts réguliers annoncés par les responsables. Durant la démonstration faite devant la presse, certaines des figures les plus connues du grand banditisme dont Jimmy Chérizier, alias Barbecue, et le chef de gang Izo apparaissaient déjà dans la catégorie des « individus les plus recherchés ».

Le fonctionnement du portail repose sur un moteur de recherche simple : il suffit de saisir un nom pour vérifier instantanément si la personne recherchée y figure. Une fonctionnalité pensée pour encourager les signalements, renforcer la vigilance citoyenne et améliorer la collaboration entre la population et les forces de l’ordre. Dans un environnement où la circulation de l’information peut sauver des vies, cette accessibilité représente un progrès majeur pour la sécurité publique.

La plateforme ne se limite toutefois pas aux seules données criminelles. Elle propose également des services administratifs destinés au grand public, notamment les informations nécessaires pour l’obtention d’un certificat de police. Ce guichet numérique unifié simplifie des démarches souvent longues et opaques, renforçant ainsi l’idée d’un service orienté vers la population plutôt que replié sur lui-même.

La DCPJ rappelle que cette initiative s’inscrit dans sa mission légale : coordonner la lutte contre les formes les plus graves de criminalité sur le territoire national, qu’il s’agisse d’associations de malfaiteurs, d’extorsions, de vols à main armée, de séquestrations, de trafics en tout genre ou d’homicides. En rendant publique une telle quantité d’informations, l’institution assume une stratégie nouvelle : impliquer directement les citoyens dans la prévention, la détection et, dans une certaine mesure, la compréhension du phénomène criminel.

Avec cet outil, la DCPJ cherche à transformer la relation entre l’État et la population en matière de sécurité : rendre visible ce qui était caché, clarifier ce qui circulait sous forme de rumeurs, et établir une passerelle durable entre institutions et citoyens. Un chantier immense commence, mais un geste symbolique fort vient d’être posé, dans un pays où la maîtrise de l’information constitue souvent la première ligne de défense.

Source : DCPJ, présentation officielle du 24 novembre 2025.

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