Un vent de polémique souffle sur Washington depuis que le sénateur républicain Bernie Moreno a rendu publique une initiative visant à interdire la double nationalité sur le sol américain. Selon plusieurs sources médiatiques américaines, le parlementaire entend obliger les citoyens possédant une seconde nationalité à choisir définitivement leur appartenance. Ceux qui refuseraient de se conformer à cette injonction perdraient leur citoyenneté américaine.
La proposition, qui s’inscrit dans une série de textes plus larges sur l’identité nationale dont un projet visant à faire de l’anglais la langue officielle du pays a immédiatement fait réagir juristes, organisations de défense des droits civiques et observateurs politiques.
Si l’initiative du sénateur a trouvé un certain écho dans les cercles conservateurs, elle se heurte d’emblée à un obstacle juridique majeur. Depuis une décision historique de 1967, la Cour suprême des États-Unis interdit au gouvernement de retirer la citoyenneté d’un individu sans son consentement explicite. Cette jurisprudence, solidement ancrée dans la doctrine constitutionnelle, rend hautement improbable l’application d’une mesure qui imposerait un choix forcé entre deux nationalités.
Au-delà de son avenir incertain au Congrès, le projet de M. Moreno soulève une question sensible : que signifie être Américain dans un pays façonné par l’immigration ?
Des millions de citoyens nés sur le sol américain, ou naturalisés depuis des décennies, entretiennent des liens familiaux, culturels ou juridiques avec un autre pays. Pour beaucoup, la double nationalité n’est pas un privilège, mais un héritage. La perspective d’une obligation de « choisir » ravive des inquiétudes profondes dans les communautés migrantes.
Même si la proposition venait à être largement amendée — voire bloquée — elle ouvre un débat politique chargé d’émotions. À l’heure où la question migratoire domine une partie du discours public aux États-Unis, l’initiative de M. Moreno pourrait devenir un nouvel axe de confrontation, opposant partisans d’une citoyenneté « exclusive » et défenseurs d’une vision plus pluraliste de l’identité américaine.
Pour l’heure, aucune audition n’a encore été programmée et la suite du processus législatif demeure imprévisible. Mais une chose est certaine : la simple évocation de la fin de la double nationalité suffit à rallumer un débat ancien, où se mêlent histoire, appartenance et tensions politiques.
