L’avertissement est venu sans détour du chef de l’Église catholique. Au retour d’un voyage au Liban, le pape Léo a exprimé une préoccupation particulière concernant les intentions attribuées à Washington dans le dossier vénézuélien. Selon lui, l’idée d’une opération militaire, évoquée dans certains cercles politiques américains, ne ferait qu’ajouter de la tension à une région déjà fragilisée.
Au cours de cet échange improvisé avec les journalistes à bord de l’avion papal, le souverain pontife a estimé qu’il existe « d’autres moyens » d’agir pour ceux qui souhaitent influencer l’évolution de la situation au Venezuela. Dialogue, négociations, pressions économiques : autant de leviers qu’il juge préférables à l’usage de la force. Léo connaît bien l’Amérique latine pour y avoir travaillé durant de nombreuses années, et son regard, mêlé d’expérience pastorale et d’analyse régionale, donne un poids particulier à sa mise en garde.
Cette prise de position arrive dans un contexte où les relations entre les États-Unis et Caracas restent instables. Le pape a rappelé que le président Donald Trump et Nicolás Maduro avaient récemment échangé, mais il a noté que les signaux venant de Washington sont souvent changeants. Pour les responsables religieux au Venezuela, l’enjeu immédiat est de calmer une situation politique déjà explosive.
Interrogé sur d’autres sujets, le pape Léo a profité de l’occasion pour inviter les pays occidentaux à repenser leur rapport aux migrations. Il a souligné que la méfiance envers les personnes d’autres cultures ou religions est fréquemment alimentée par des discours hostiles plutôt que par la réalité. Son séjour au Liban et ses rencontres avec des communautés musulmanes ont, selon lui, montré qu’une coexistence apaisée est non seulement possible, mais déjà vécue dans plusieurs sociétés.
Sur le dossier ukrainien, il a rappelé que l’Europe devait rester impliquée dans les efforts de paix, malgré les initiatives prises par Washington dans ses discussions avec Moscou. À ses yeux, aucune solution durable ne peut se construire sans une contribution européenne.
Plus personnellement, le pape a confié qu’il n’imaginait pas devenir le premier pontife américain lorsqu’il réfléchissait, il y a encore peu, à se retirer de ses fonctions. Son élection en mai 2025 l’a conduit à s’appuyer davantage sur une spiritualité intérieure inspirée de l’œuvre du carme Brother Lawrence, un guide qu’il dit utiliser depuis de nombreuses années.
Avant de conclure, le pontife a évoqué son désir de se rendre prochainement en Algérie pour honorer la mémoire de saint Augustin et encourager une nouvelle dynamique de dialogue entre chrétiens et musulmans.
Par ces prises de position successives, Léo donne le ton de son pontificat : une diplomatie prudente, attachée à la désescalade, et une attention constante aux tensions qui traversent un monde où les équilibres semblent toujours plus fragiles.
