Une ombre troublante planerait sur la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA), organe clé du contrôle des dépenses publiques en Haïti. Une source bien informée affirme que le président de l’institution, Rogavil Boisguéné, ainsi que trois conseillers, auraient fait l’objet de menaces d’une rare gravité pour avoir refusé de valider plusieurs dossiers jugés non conformes.
La CSCCA demeure l’un des derniers remparts institutionnels chargés d’examiner la légalité et la transparence des engagements financiers de l’État. Lorsqu’un dossier présente des irrégularités, des ambiguïtés ou une procédure inachevée, les conseillers peuvent en bloquer le traitement. Ce pouvoir, inscrit dans la loi, garantit un minimum de rigueur dans la gestion des deniers publics et protège l’État contre des engagements risqués ou opaques.
Selon l’alerte transmise à Nanzile, l’un des dossiers concernés toucherait à un contrat de concession estimé à 85,4 millions de dollars américains pour la construction de centres pénitentiaires. Aucun autre élément n’a été fourni sur les documents également refusés, mais la source évoque un climat de tension interne inhabituel. Elle affirme que des personnalités influentes, proches du dossier, auraient envisagé des actions extrêmes pour neutraliser les conseillers réfractaires, une dérive qui, si elle s’avérait exacte, mettrait en lumière une tentative d’ingérence d’une gravité exceptionnelle.
Jusqu’à présent, aucune communication officielle n’a été publiée par la CSCCA. Le président Rogavil Boisguéné garde le silence, et aucune institution publique n’a annoncé l’ouverture d’une enquête. Le tableau actuel repose uniquement sur des informations émanant de la source initiale, sans validation institutionnelle.
Cette affaire, encore enveloppée d’incertitudes, soulève néanmoins une interrogation centrale : comment un organisme chargé de contrôler les finances publiques peut-il fonctionner si ses membres sont exposés à des menaces lorsqu’ils appliquent strictement la loi ? Toute tentative d’intimidation contre la CSCCA affaiblirait non seulement la chaîne de contrôle budgétaire, mais compromettrait également la confiance de la population dans l’usage des fonds publics.
En l’absence de vérifications officielles, les faits rapportés demeurent en attente de confirmation. Les regards restent tournés vers les autorités appelées à se prononcer sur une situation qui, si elle était avérée, révélerait un inquiétant dérèglement de l’environnement institutionnel haïtien.

