Port-au-Prince — Le terminal pétrolier de Varreux, infrastructure stratégique qui assure l’essentiel de l’approvisionnement du pays, est paralysé depuis le lundi 17 novembre 2025. Les routes permettant d’y accéder la Nationale #1, la route de Batimat, La Saline et la route 9 sont toutes bloquées par des groupes armés de la coalition Viv Ansanm, ont confirmé plusieurs sources proches de l’installation. Si aucun échange de tirs n’a été rapporté, l’impossibilité pour les camions-citernes d’atteindre le site a suffi à perturber toute la chaîne logistique.
Selon des responsables consultés, les stocks disponibles à Varreux ne présentent aucun problème. Le véritable verrou se situe dans l’encerclement total du terminal et des zones portuaires avoisinantes, rendant toute circulation impossible depuis plusieurs jours. Cette situation survient alors que la police nationale mène simultanément des opérations d’envergure contre plusieurs poches de gangs dans la région métropolitaine, notamment à Croix-des-Bouquets.
Face à l’effritement progressif des réserves dans les stations-service, la Direction générale du ministère du Commerce et de l’Industrie a publié un avis affirmant qu’aucune pénurie de carburant n’est enregistrée sur le marché national. Le ministère, s’appuyant sur les informations transmises par les importateurs et distributeurs, assure que les produits sont disponibles en quantité suffisante. Il signale toutefois des « perturbations locales » liées à des pratiques jugées irrégulières et annonce le déploiement d’équipes d’inspecteurs chargées de vérifier les prix, les conditions de vente et de sanctionner toute spéculation. Ces interventions se feront en coordination avec la Police nationale d’Haïti.
Cette mise au point officielle n’a pas manqué de faire réagir certains acteurs du secteur pétrolier. Un propriétaire de station-service interrogé estime que l’État détourne le débat en accusant implicitement les distributeurs. Selon lui, le problème est clair : « Les voies d’accès sont bloquées. Il revient aux autorités d’assurer la sécurité et de rétablir la circulation vers Varreux. » Il affirme que les stations ne peuvent être tenues pour responsables d’une rareté provoquée par l’inaccessibilité des terminaux.
Ce nouvel épisode confirme la vulnérabilité persistante du secteur énergétique, où chaque perturbation du corridor d’accès à Varreux entraîne instantanément des tensions nationales. Alors que les réserves des stations continuent de baisser, l’évolution de la situation dépend désormais de la capacité des autorités à sécuriser les routes et à rétablir la fluidité du transport du carburant.
